Le principe : faire appel à des designers et des fabricants locaux de mobilier urbain pour installer des prototypes dans les rues. La Ville finance leur réalisation et les dispose dans l’espace public pour une phase de test. Passants, habitants votent alors pour leurs favoris.
« C’est le meilleur retour d’usage possible. Nous tenons compte de ces avis et installons ensuite certains mobiliers de façon pérenne », explique Marc Chassaubene, adjoint au maire de Saint-Etienne chargé notamment de la culture et du design. Une vingtaine de nouvelles assises ont ainsi trouvé leur place dans les rues. Dans cette commune reconnue « ville créative design » par l’Unesco, le banc est ainsi un support d’innovation et de création d’activité économique pour les entreprises du territoire.

Plus à l’Est, Nancy a fait du banc un levier de politique de santé publique en direction des seniors. 20 % des habitants de la ville sont en effet des personnes âgées. La municipalité se fixe pour objectif d’installer 100 assises chaque année jusqu’à atteindre 2000 bancs d’ici la fin de son mandat.

Disséminés dans plusieurs quartiers, ils jalonnent déjà 28 parcours de balade adaptés aux capacités des seniors. « Pour encourager la marche, il faut qu’il soit possible de faire des pauses », souligne Marc Tenenbaum, adjoint au maire en charge de la prévention, de l’hygiène et de la santé publique et par ailleurs médecin généraliste. Un balisage répertorie ainsi des points d’intérêt et les bancs présents sur le parcours. Selon la mairie, le dispositif profite par ailleurs à l’ensemble des passants : « on y voit des mamans qui allaitent, des parents qui font une halte avec leurs enfants… Le but est aussi de permettre de s’offrir une pause gratuite », poursuit l’élu, c’est-à-dire sans être obligé de consommer à une terrasse de café. Signe qu’une demande des citoyens est là, parmi les 25 propositions lauréates du dernier budget participatif de la ville figurait l’installation de nouveaux bancs.

Cependant, il ne suffit pas d’installer des bancs pour que cela change tout. A Montrouge par exemple, un conflit est né suite à l’installation de nouvelles assises, comme le raconte cette émission de France Culture. D’un côté, des habitants sont ravis de créer un peu de convivialité dans un quartier désert mais de l’autre des riverains regrettent de ne plus pouvoir dormir tranquilles.

Selon Chantal Deckmyn, « si les bancs sont squattés, il faut justement les multiplier pour en diversifier les usages ». Pour répondre à ces problématiques, la ville de Nancy mise aussi sur la concertation. Habitants, commerçants, services de sécurité de la ville travaillent ensemble pour choisir les lieux où installer des nouveaux sièges et assurer un suivi dans la durée. « Certains bancs ont posé problème, des riverains se sont plaint du bruit. Plutôt que de supprimer le banc, nous l’avons déplacé et installé des chaises à la place », explique Erwan Claudel, chef de projet développement social au centre communal d’action sociale.

Quant aux dégradations qui peuvent s’avérer coûteuses pour une collectivité, élus et urbanistes estiment que, pour les limiter, une solution est de remplacer rapidement les assises abimées.
« Il faut montrer que l’on prend soin de l’espace public, confirme l’élu stéphanois Marc Chassaubene. Et si la population s’approprie le mobilier, en le décorant par exemple, il faut aussi l’accepter et le laisser vivre ».

✍ Delphine Tayac